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Histoire du Marais

31 juillet 2010

SOMMAIRE : LES ARTICLES DE CE BLOG

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18 octobre 2009

SAINT-PAUL-DES-CHAMPS

plan_saint_paulL'église Saint-Paul-des-Champs. Aux n°30-32 de la rue Saint-Paul s'élévait jusqu'à la fin du XVIIIe siècle l'église Saint-Paul-des-Champs. Sa fondation remonte à l'époque mérovingienne. Il s'agissait à l'origine d'une chapelle dédiée à saint Paul, créée vers 632-642, qui jouxtait le cimetière du même nom où étaient enterrées les religieuses du couvent Saint-Eloi fondé sur l'île de la Cité au VIIe siècle (les inhumations sur l'île étaient alors interdites). Des sarcophages mérovingiens retrouvés rue Neuve-Saint-Pierre témoignent de cette époque. On ne sait pas quand la chapelle fut remplacée par l'église proprement dite. Un bourg se constitua autour de l'église, située au milieu de champs cultivés, d'où son nom de Saint-Paul-des-Champs. Elle devint église paroissiale en 1125 car le bourg s'était peuplé. La construction de la muraille de Philippe-Auguste (qui passait légèrement à l'ouest de l'actuelle rue des Jardins-Saint-Paul) divisa la paroisse en deux. Mais à la fin du XIVe siècle, tout le quartier Saint-Paul fut inclus dans l'enceinte de Charles V et se développa avec l'installation du roi à l'hôtel Saint-Pol Image_2(voisin de l'église). Tous les enfants de Charles V et une partie de ceux de Charles VI furent baptisés à Saint-Paul-des-Champs. En 1430-31, l'église fut reconstruite. Elle était dotée d'un haut pignon donnant sur la rue Saint-Paul flanqué à gauche d'une tour carrée (voir ci-contre à droite le plan de Truschet et Hoyau, dit plan de Bâle, vers 1550, et ci-dessous le plan dit de Turgot, vers 1739 : sur ces deux plans, le nord est à gauche ; l'église est en vert, le cimetière en bleu).

 

st_paul_turgotLe cimetière. Le cimetière Saint-Paul s'étendait derrière l'église, au niveau des n°5 à 17 de l'actuelle rue Neuve Saint-Pierre. Deux ruelles, le cul-de-sac Saint Eloi (actuelle rue Neuve Saint-Pierre) et le cul-de-sac Saint-Paul (actuelle rue de l'Hôtel Saint-Pol) permettaient d'y accéder respectivement depuis la rue Saint-Paul et la rue Saint-Antoine. Ce cimetière mesurait 60m sur 40m, ce qui en faisait le second cimetière de Paris par sa taille, après celui des Saints-Innocents. Il servit de lieu d'inhumation du VIIe au XVIIIe siècle. Sur ses côtés nord, sud et est, le cimetière était entourée de galeries qui servaient de charniers et étaient bordées de chapelles.

 

st_paul_1La destruction. En 1796, l'église et le cimetière Saint-Paul furent vendus puis détruits. Il n'en reste rien aujoud'hui si ce n'est un pan de mur de la tour carrée de l'église, visible sur le flan gauche de la façade du n°32 rue Saint-Paul (photo ci-contre).

 

Bibliographie

Danielle CHADYCH, Le Marais, évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.

 

 


11 octobre 2009

LA VILLE-NEUVE DU TEMPLE

villnve_temple_fin_modifi_L'installation des Templiers. Les Templiers s'installèrent à Paris vers le milieu du XIIe siècle. Ils s'établirent d'abord près des églises Saint-Gervais et Saint-Jean-en-Grève, puis, au plus tard en 1240, à l'emplacement de l'actuel square du Temple dans le 3e arrondissement où ils édifièrent l'enclos du Temple. On ignore en partie comment se fit ce déplacement ; ils auraient acheté des terres dans cette zone dès la fin du XIIe siècle. Au XIIIe siècle, ils étaient les maîtres d'une très vaste seigneurie, la censive du Temple  (on appelle "censive" un terre soumise au cens, redevance annuelle et perpétuelle que percevait le seigneur censier, ici l'ordre du Temple, en échange de la protection et de la sécurité qu'il devait assurer aux habitants de la censive ; le seigneur censier possédait la propriété éminente de la censive, tandis qu'il en avait vendu la propriété utile à celui ou ceux qui y habitaient).

Enclos et censive du Temple. Sur le plan ci-contre, on a représenté la censive du Temple en orangé ; l'enclos en rouge renfermait les bâtiments de l'Ordre. En bleu est figurée l'enceinte de Philippe-Auguste, en rouge celle de Charles V. Le domaine du Temple s'étendait approximativement depuis les rues du Roi-de-Sicile et rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie (au sud), entre la rue du Temple (à l'ouest) et la rue Vieille-du-Temple, la rue Elzévir et  la rue Pavée (à l'est), puis plus au nord, dans l'ancienne zone marécageuse, entre la rue du Faubourg-du-Temple (à l'ouest) et la rue Oberkampf (à l'est) jusqu'à la hauteur de la rue de la Folie-Méricourt (au nord).

La construction de la muraille de Philippe-Auguste (représentée par un épais trait noir sur le plan ci-contre à gauche) entre 1190 et 1209 coupa en deux le domaine des Templiers. En 1279, un accord intervint entre le roi Philippe le Hardi et le Grand Prieur : les Templiers gardaient les terres situées à l'intérieur des murs, mais y perdaient le droit de haute et basse justice, cette zone passant sous l'autorité du roi, c'est-à-dire sous la juridiction du prévôt de Paris. Sur leurs terres à l'extérieur du mur d'enceinte, les Templiers conservaient le droit de voirie, de haute et de basse justice ainsi que le droit de faire garder leurs terres par des sergents.

Image_3Le lotissement de la Ville-neuve du Temple. Dès 1282, les Templiers décidèrent de lôtir les terrains entre leur enclos et l'enceinte de Philippe-Auguste, ce qui allait former la Ville-neuve du Temple. Une porte fut percée en 1288 dans l'enceinte de Philippe-Auguste, la porte du Chaume (au n°54 de l'actuelle rue des Archives). Un axe central, la rue de la Porte du Chaume, fut tracé, correspondant à la section de l'actuelle rue des Archives, entre la rue des Francs-Bourgeois et la rue Portefoin. Huit rues parallèles entre elles, et perpendiculaires à la rue de la Porte du Chaume, de part et d'autre de celle-ci, furent également percées. Sur le plan ci-contre de Truschet et Hoyau, dit plan de Bâle, vers 1550 (le nord est à gauche), on a figuré en rouge l'enclos du Temple, en orange les rues de la Ville-Neuve du Temple ; on a colorié en bleu ce qu'il restait de l'enceinte de Philippe-Auguste, le long de la rue des Francs-Bourgeois, au nord du couvent des Blancs-Manteaux.

On commença par percer les cinq rues du côté ouest : du nord au sud,

- la rue Portefoin, qui s'appelait à la fin du XIIIe siècle rue des Poulies, puis fut nommée rue Richard des Poulies, d'après le nom d'un mercier qui y aurait fait construire une maison sur un terrain vendu par les Templiers vers 1333. Elle s'appela ensuite rue Porte-Fin d'après Jean Porte-Fin qui y aurait eu son hôtel.   

- la rue Pastourelle, qui s'appelait à la fin du XIIIe siècle rue Groignet, d'après Guillaume Groignet qui était mesureur des blés du Temple et y avait plusieurs maisons. Vers 1330, Roger Pastourel y avait une maison, et donna ainsi son nom à la rue.

- la rue du Noyer, qui n'existe plus aujourd'hui

- la rue des Haudriettes : cette rue s'appelait la rue Jean L'Huillier à la fin du XIIIe siècle. Elle se nomma ensuite rue des Haudriettes car ces dernières y possédaient des maisons. Les Haudriettes étaient une communauté fondée en 1306 par Etienne Haudry, panetier du roi Philippe le Bel, accueillant des veuves qui vivaient soumises à une règle ; elles possédaient un hospice et un chapelle situés près de l'Hôtel de ville. La rue s'appela également rue de l'Echelle du Temple car c'est là, à l'angle avec la rue du Temple, que se trouvait l'échelle (le pilori) de justice du Temple. C'est là que l'ordre du Temple, qui avait droit de haute justice, punissait les voleurs  (on peut voir le pilori représenté sur le plan de Bâle ci-dessus)

- la rue de Braque : cette rue s'appela rue des Boucheries, rue des Boucheries du Temple ou encore rue aux Boucheries de Braque car au XIIIe siècle le Temple y établit une boucherie. Suite aux plaintes de la corporation des bouchers, la taille des étaux de cette boucherie fut limitée. En 1549, elle fut déplacée rue du Temple, puis en 1640 à l'angle de la rue de Bretagne et de la rue du Temple. Le nom actuel de la rue vient de la famille Braque qui y possédait des terrains et y fonda une chapelle où elle enterra ses membres.

Image_2On perça ensuite trois rues du côté est : du nord au sud,

- la rue des Quatre-Fils : cette rue s'appela la rue de l'Echelle du Temple car elle se trouvait dans la continuité de la rue des Haudriettes, puis rue des Quatre Fils Aymon, en référence à une enseigne évoquant les quatre héros de la chanson de geste du XIIe siècle, Renaud de Montauban

- la rue du Chantier est une allée qui se trouve aujourd'hui dans le pâté de maisons des Archives nationales, dans le prolongement de la rue de Braque. Elle s'appela au XVIe siècle rue de la Roche car elle menait à l'hôtel de la Roche-Guyon qui se trouvait rue Vieille-du-Temple

- la rue des Francs-Bourgeois (portion entre la rue des Archives et la rue Vieille-du-Temple) : elle se trouve à l'emplacement de l'ancien chemin qui longeait l'extérieur de l'enceinte de Philippe-Auguste. Elle porta au Moyen Age le nom de rue des Jardins puis rue de Paradis.

Les habitants de la Ville-neuve du Temple. La plupart des parcelles de la Ville-neuve du Temple loties par les Templiers étaient soit des carrés de 3,5 toises (7m) de côté, soit des rectangles de 3,5 toises de largeur et de 12 toises (23m) de longueur. On accorda aux habitants de la Ville-neuve du Temple de nombreux avantages : exemption des obligations militaires (guêt, ost, chevauchée) et fiscales (taille, péage). Le lotissement de la Ville-neuve du Temple fut un succès car en 1292 la plupart des parcelles étaient construites. Les professions qui s'y installèrent furent notamment les métiers du bâtiment car le travail n'y manquait pas. Les tisserands disposaient de l'espace nécessaire pour étendre leurs draps sur des poulies, d'où le nom de rue des Vieilles-Poulies donné à la section de la rue des Francs-Bourgeois située à l'est de la rue Vieille-du-Temple. Lorsque Charles V s'installa à l'hôtel Saint-Pol en 1360, nombreux furent ceux qui, dans son entourage, firent des acquisitions dans la Ville-neuve, acquisitions facilitées par les dévastations de la Grande Peste de 1348. En 1362, on comptait dans la Ville-neuve du Temple 240 maisons, la population est estimée à 1200 habitants.

Bibliographie :

Philippe LORENTZ et Dany SANDRON, Atlas de Paris au Moyen-Age, Paris, Parigramme, 2006.

Raymond CAZELLES, Paris de la fin du règne de Philippe Auguste à la mort de Charles V (1223-1380), Nouvelle histoire de Paris, Paris, 1972.

Danielle CHADYCH, Le Marais, évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.

Henri de CURZON, La Maison du Temple de Paris. Histoire et description, Paris, 1888.

Geneviève ETIENNE, "La Villeneuve du Temple à Paris aux XIIIe et XIVe siècles", Études sur l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, Actes du 100e Congrès national des sociétés savantes, Paris, 1975, Paris, 1978, tome II, p87-99.

 

7 octobre 2009

L'ILE LOUVIERS

Image_2Sur le plan de Turgot (ci-contre, 1739 ; le nord est à gauche) on peut voir au milieu de la Seine, au large du couvent des Célestins et de l'Arsenal une île qui n'existe plus aujourd'hui. Il s'agit de l'Île Louviers, ou Île des Javiaux. Elle tiendrait son nom de Nicolas de Louviers, prévôt des marchands en 1468-70, qui en était propriétaire ("Javiaux" provient de "javeau" qui désigne un amas photo_satde sable et de limon). Elle était louée à des marchands de bois et servait de lieu de stockage du bois. En 1847, la petite rivière du Mail qui séparait l'île de la rive droite (et que l'on pouvait passer à pied sec l'été) fut comblée et ainsi rattachée à la rive. On peut voir encore aujourd'hui sur la photo satellite les contours de l'Ile Louviers, entre le boulevard Morland et le quai Henri IV (en vert ci-contre).

 

Bibliographie :

Philippe LORENTZ et Dany SANDRON, Atlas de Paris au Moyen-Age, Paris, Parigramme, 2006.

Jacques-Benjamin SAINT-VICTOR, Tableau historique et pittoresque de Paris, Paris, 1823. 

 


4 octobre 2009

LE COUVENT DE SAINTE-AVOIE

Image_1Localisation. Jusqu'en 1790 s'élévait à l'angle de la rue du Temple (n°61) et de la rue Geoffroy-l'Angevin le couvent de Sainte-Avoie. On a figuré  le couvent en rouge sur les deux plans ci-contre et ci-dessous.  Sur le plan de Truschet et Hoyau ci-dessous, dit plan de Bâle, vers 1552, le nord est  à gauche.

La fondation du couvent. Le couvent de Sainte-Avoie avait été fondé en 1288, par le curé de l'église Saint-Merri qui acheta dans cette rue une maison afin d'y créer une communauté de veuves pauvres. On se trouvait non loin de l'enceinte de Philippe-Auguste qui passait au niveau du n°69 de la rue du Temple. On dédia ce couvent à sainte Avoie, nom français de Sainte-Hedwige (+1243), fondatrice du couvent des cisterciennes de Trezbnica en Pologne.

Les Ursulines. En 1622, le couvent passa à l'ordre des Ursulines. ste_avoie_baleLes immeubles voisins aux n°67 et n°69 de la rue du Temple, datant respectivement du règne de Louis XVI et de 1522, appartenaient au couvent ; à la différence de ce dernier, leurs façades n'ont pas été détruites. En effet, supprimé en 1790, le couvent fut vendu et transformé en habitations particulières puis détruit par le percement de la rue Rambuteau en 1838.

 

Bibliographie :

Danielle CHADYCH, Le Marais, évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.

 

 

 

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4 octobre 2009

SAINTE-CROIX-DE-LA-BRETONNERIE

ste_croix_planIl ne reste rien aujourd'hui du couvent Sainte-Croix-de-la Bretonnerie qui se trouvait aux n°35-37 de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, si ce n'est le tracé des deux ruelles du square Sainte-Croix-de-la Bretonnerie. Il s'agissait d'un couvent de l'ordre des chanoines réguliers de Sainte-Croix, également appelés Croisiers, ordre fondé en 1211 par Théodore de Celles,chanoine de Liège, entre Liège et Namur. Ils observent la règle de saint Augustin. Au début du XIIIe siècle, la rue Sainte-Croix-de-la Bretonnerie s'appelait la rue de Lagny dite la Grande Bretonnerie, en raison d'un terrain qui s'y trouvait, le Champ aux Bretons, lui-même ainsi nommé d'après une famille du XIIIe s., les Breton ou Le Breton. En 1258, dans cette rue, saint Louis donna aux chanoines réguliers de Sainte-Croix plusieurs maisons appartenant à Robert de Sorbon qui reçut en échange des maisons rive gauche : "revindrent une autre maniere de freres qui se faisoient apeler 

turgot_ste_croix_les freres de Sainte-Croix, et portent la crois devant leur piz et requistrent au roi qu'il leur aidast ; et li rois le fist moult volentiers ; et les hebergea à Paris en une rue qui est appellée le quarrefour du Temple, qui ore est apelée la rue Saint Croiz" (Grandes Chroniques de France, Bnf, ms. fr. 2615, déb. XIVe s,fol. 235v). L'église du couvent était parallèle à la rue de la Bretonnerie (visible ci-contre sur plan de Louis Bretez, dit de Turgot, 1734-39 ; le nord est à gauche). La rue devint au début du XIVe siècle la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. Au XVIIe siècle, l'entrée principale du couvent se situait dans le cul-de-sac Sainte-Croix, la section de l'actuel square Sainte-Croix-de-la Bretonnerie donnant sur le n°13 de la rue des Archives. La communauté de la Bretonnerie fut supprimée en 1778, les bâtiments et l'église vendus en 1793 puis démolis.

1 octobre 2009

LES BLANCS-MANTEAUX

blancs_manteaux_bis_enceinteLa fondation des Blancs-Manteaux. L'église des Blancs-Manteaux se situe entre la rue des Blancs-Manteaux (n°12) et la rue des Francs-Bourgeois. En 1258, saint Louis permit à l'ordre mendiant des Servites de Sainte-Marie (fondé par sept riches marchands laïcs florentins en 1233) de s'y établir et d'y créer un couvent, jouxtant la muraille de Philippe-Auguste (représentée en rouge ci-contre sur la plan de Bâle, vers 155, où le nord est à gauche, et par le trait noir épais sur le plan actuel ci-dessous) : "revint un autre maniere de freres que l'en appèle l'ordre de Blans Mantiaus, et requistrent au roy que il leur aidast que ils peussent demourer à Paris. Le roy leur acheta une mèson et vieilz places entour pour euls heberger, delez la viex porte du Temple à Paris" (Jean de Joinville, Histoire de Saint Louis, Paris, Firmin-Didot, 1859, p233). Les membres de cet ordre portaient sur leur habit un manteau blanc en l'honneur de la virginité de Marie, d'où le nom qui leur fut donné.

L'ordre passe aux Guillemites. En 1274, l'ordre fut suspendu par le IIe concile de Lyon qui cherchait à limiter le nombre des nouveauxImage_3ordres mendiants. Le couvent parisien passa alors à l'ordre des Guillemites (ou Ordre de Saint-Guillaume) fondé par Guillaume de Malavalle (+1157), dans la province de Grosseto en Toscane, approuvé par le pape en 1211. D'où le nom de rue des Guillemites donnée à la ruelle perpendiculaire à la rue des Francs-Bourgeois. En 1334, les Guillemites furent autorisés à percer une porte dans l'enceinte afin d'accéder à leur couvent. L'église, consacrée en 1397 en présence du roi Charles VI, était alors parallèle à la rue des Francs-Bourgeois (visible ci-dessus sur le plan de Paris de Truschet et Hoyau, dit plan de Bâle, vers 1550 ; le nord est à gauche) ; les bâtiments conventuels occupaient en partie l'actuel square Victor Langlois.

La reconstruction sous les bénédictins de Saint-Maur. En 1618, le couvent passa à la congrégation des bénédictins de Saint-Maur, célèbre pour ses travaux historiques d'une grande blcs_manteaux_fa_adeérudition, et dont la maison-mère se trouvait à Saint-Germain-des-Prés.Les Blancs-Manteaux devinent un important centre d'études de l'ordre. De 1685 à 1690, on reconstruisit le couvent. L'église fut alors édifiée dans sa disposition actuelle, perpendiculairement à la rue des Blancs-Manteaux. Pendant la Révolution, la congrégation des Mauristes fut dissoute, le couvent et l'église, vendus. En 1801, l'église fut racheté par la ville de Paris qui la rendit au culte. La façade actuelle était originellement celle de l'église de Saint-Eloi des Barnabites, sur l'île de la Cité ; détruite par les travaux d'Hausmann en 1863 l'architecte Baltard en remonta la façade (datant de 1703) aux Blancs-Manteaux.

La destruction du couvent. En 1802, on perça la rue des Guillemites le long du flanc est de l'église, et on rasa pour cela une partie des bâtiments conventuels. Ce qui restait des bâtiments conventuels, l'aile orientale, fut détruit en 1929 pour créer un immeuble, détruit à son tour en 1944. On y aménagea un square entouré d'immeubles (construits en 1955), l'actuel square Victor Langlois ; la partie nord de la rue des Guillemites fut alors supprimée (ne subsista plus sous ce nom que la partie de la rue au sud de la rue des Francs-Bourgeois). Il ne reste aujourd'hui du couvent que le presbytère de l'église. La fontaine qui se trouve aujourd'hui dans le square, accolée au flanc est de l'église, date de 1705 et se trouvait à l'origine sur la rue des Francs-Bourgeois, devant l'aile orientale du couvent.

 

Bibliographie

Danielle CHADYCH, Le Marais, évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.

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30 septembre 2009

LES BILLETTES

Image_1Le miracle de l'hostie profanée. L'église et le cloître des Billettes se trouvent aux n°22-24 de la rue des Archives (en rouge sur le pan ci-contre), à l'emplacement d'une chapelle fondée à la fin du XIIIe siècle pour commémorer le miracle de l'hostie profanée par le juif Jonathas.

Le récit le plus ancien de cet épisode est un texte latin en prose datant de 1322 environ et conservé aux Archives nationales. Il raconte qu'une femme chrétienne avait mis ses plus beaux vêtements en gages chez un prêteur juif de la rue des Jardins (future rue des Billettes, puis rue des ucelloArchives). Elle veut les récupérer lors des fêtes de Pâques 1290, mais n'a pas l'argent nécessaire. Le prêteur juif accepte de les lui rendre en échange d'une hostie consacrée. La femme chrétienne se rend à la messe à l'église Saint-Merri et conserve sous la langue l'hostie de la communion qu'elle apporte au prêteur juif. Ce dernier poignarde l'hostie qui se met à saigner. Devant sa femme et ses enfants épouvantés, il continue à la martyriser, répétant la  Passion du Christ : il veut la percer avec un clou, la flagelle, la jette au feu, tente de la découper, mais toujours l'hostie demeure intacte et continue à saigner. Pour s'en débarrasser, il la jette dans l'eau bouillante qui rougit ; le Christ apparaît et le prêteur juif s'enfuit. Une voisine, intriguée, entre chez ucello2lui, recueille l'hostie et la porte à l'église Saint-Jean-en-Grève. L'évêque fait comparaître le prêteur juif qui est condamné à être brûlé en place de grève, tandis que sa famille se fait baptiser (ci-dessus et ci-contre : Paolo Ucello, Le Miracle de l'hostie, prédelle, vers 1465-1469, Urbino, Palazzo ducale).

On sait effectivement d'un juif fut jugé à Paris en 1290 pour la profanation d'une hostie, mais les sources semblent indiquer qu'il se soit converti et donc qu'il n'ait donc pas été mis à mort. Au XIIIe siècle, les juifs sont fréquemment suspectés de crimes rituels : Césaire de Heisterbach écrit "J'ai entendu dire que de nos jours des chrétiens sont crucifiés par des juifs" (Dialogus miraculorum, 1851, tome II, p103). De plus, à cette époque, l'Eglise attache une importance croissante à l'hostie : le concile de Latran en 1215 y affirme la présence réelle ; au XIIIe siècle, à la messe, après la consécration, l'hostie et le calice sont élevés afin que les fidèles puissent les adorer  ; la fête du Saint-Sacrement (ou Fête-Dieu) est instituée en 1264, et les processions du Saint-Sacrement se multiplient à la fin du XIIIe-début du XIVe siècle.

 billettes_belleforestL'église et le cloître. En 1294, un bourgeois de Paris, Régnier Flameng, obtient du roi Philippe le Bel et du pape Boniface VIII  qu'une chapelle soit construite à l'emplacement de la maison du prêteur juif. Cette chapelle est appelée "maison des miracles". Elle est confiée aux Hospitaliers de la Charité Notre-Dame, confrérie séculière créée par Guy de Joinville dans le diocèse de Chalons en Champagne, dévouée au soin des malades. Ils étaient également appelés "billettes" peut-être en raison de leur scapulaire en forme de billette, c'est-à-dire de pièce d'étoffe rectangulaire. Le couvent s'agrandit grâce à l'achat et à la donations des maisons voisines. En 1346, cloitre_billettesces clercs qui n'appartenaient à aucun ordre furent rattachés à l'ordre de saint Augustin. En raison des exhaussements de la rue des Archives, l'église était devenue souterraine si bien qu'en 1408 on construisit au-dessus une nouvelle église, tandis que dans l'ancienne église on enterrait les religieux du couvent (ci-dessus : plan de Paris par Belleforest, vers 1550 ; le nord est à gauche, les Billettes sont en vert). Le cloître fut reconstruit après 1427 dans le style flamboyant. A cette époque, la rue s'appelle d'ailleurs "rue où Dieu fut bouilli".

fa_ade_billettesEn 1631, les Carmes réformés achetèrent le couvent. L'église fut reconstruite en 1758. A la Révolution, l'église et le couvent deviennent biens nationaux. En 1808, l'église est rachetée par la ville de Paris qui l'affecte au culte luthérien.

 

Bibliographie

Danielle CHADYCH, Le Marais, évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.

Boris BOVE, "Les Juifs à Paris", Vivre et survivre dans le Marais, au coeur de Paris du Moyen Age à nos jours, dir. J.-P. AZEMA, Paris, éds le Manuscrit, 2005, p31-57.

 

 

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28 septembre 2009

L'HOTEL SAINT-POL

charles_VUn nouvel hôtel princier. Après l'invasion du palais de la Cité par les bourgeois d'Etienne Marcel en 1358, Charles V (ci-contre : Statue de Charles V, Musée du Louvre, Paris), alors dauphin, aurait décidé la création d'un nouvel hôtel princier dans l'est de Paris. Le roi ne voulait plus résider au palais de la Cité, et était déjà logé à cet endroit car il était l'hôte de l'archevêque de Sens Il s'agissait d'un quartier aéré, qui possédait encore un caractère rural. Il était recommandé à l'époque comme un  des lieux les plus sains de Paris. Le roi pouvait gagner facilement Vincennes par la route comme par la Seine ; cette dernière permettait également d'accéder facilement à la Cité et au Louvre.

hotel_st_pol_composit_L'hôtel Saint-Pol s'étendait entre la rue Saint-Antoine au nord, le quai des Célestins au sud, la rue Saint-Paul à l'ouest et la rue du Petit-Musc à l'est. Il était situé à l'extérieur de la muraille de Philippe-Auguste mais englobé par la nouvelle enceinte que fit construire Charles V de 1358 à 1380. A proximité du nouvel hôtel princier, au début de la rue du Petit-Musc, se trouvait le couvent des Célestins qu'une donation du souverain permit d'agrandir.

Sous Charles V (+ 1380) et Charles VI (1380-1422), l'hôtel Saint-Pol fut résidence royale : les cinq enfants du premier (qui furent baptisés à l'église Saint-Paul voisine) et six des douze enfants du second y naquirent. L'hôtel était également le siège du gouvernement : Charles V y installa les réunions du Grand Conseil et des maîtres des Requêtes alors que le reste de l'administration demeurait sur l'île de la Cité (dans certains cas, les assemblées de maîtresms_fr_2813 des comptes et  de juges du Parlement pouvaient avoir lieu à Saint-Pol). Plus largement la construction de l'hôtel Saint-Pol s'inscrit dans la politique menée par Charles V d'aménagement et de multiplication des résidences royales à Paris (le Louvre, Vincennes, Beauté, Saint-Ouen, Saint-Germain en Laye, Creil, Montargis, Melun), certainement dans le but d'exalter la monarchie après la défaîte de Poitiers (1356) et la capture du roi Jean II. Ainsi lorsque l'empereur Charles IV de Luxembourg vint à Paris en 1378, il fut accueilli successivement au palais de la Cité, au Louvre, à l'hôtel Saint-Pol et à Vincennes (ci-contre : Banquet en l'honneur de Charles IV offert au palais de la Cité, Grandes Chroniques de France, ms. fr. 2813, fol. 473v, fin XIVe s., Paris, Bnf).

Un ensemble composite. L'hôtel Saint-Pol n'était pas d'un seul tenant mais composé principalement de quatre hôtels particuliers acquis entre 1360 et 1366 : en 1361, l'hôtel du comte d'Etampes  pour 6.000 royaux d'or (en orange sur la plan ; l'entrée se trouvait à droite de l'église Saint-Paul, aux n°20-26 de la rue Saint-Paul, et l'hôtel s'étendait jusqu'à la rue du Petit-Musc) ; en 1362 ,l'hôtel des abbés de Saint-Maur (en vert sur le plan ; situé à l'angle de la rue Saint-Antoine et de la rue du Petit-Musc) ; en 1364, le manoir du bourgeois et marchand de bûches Simon Verjal (en rouge sur le plan ; aux n° 7-9 de la rue du Petit-Musc) ; et en 1366, l'hôtel des archevêques de Sens (en bleu sur le plan ; situé à l'angle du quai des Célestins et de la rue du Petit-Musc) qui furent relogés à l'emplacement de l'actuel Hôtel de Sens, à l'angle de la rue du Figuier et de la rue du Fauconnier. Dès 1364, l'hôtel  Saint-Pol est uni par un acte officiel au domaine royal car le roi lui porte "amour, plaisance et singulière affection". L'hôtel Saint-Pol fut encore agrandi par Charles VI grâce à l'acquisition en 1418 de la maison de Jehan de Roussy au n°8 de la Saint-Paul qui pouvait servir d'entrée à l'hôtel des Lions voisin.

plan_bale_hotel_st_pol_coulHôtels et jardins. L'hôtel Saint-Pol était donc formé de plusieurs bâtiments séparés par des cours et de vastes jardins. Chacun possédait son propre hôtel : le roi résidait dans l'ancien hôtel des archevêques de Sens, l'hôtel de la reine correspondait à l'ancienne résidence des comtes d'Etampes (visible ci-contre : Plan de Bâle, vers 1552, le nord est à gauche), et les enfants royaux habitaient l'ancien hôtel des abbés de Saint-Maur.

Comme le montre cette miniature extraite des Chroniques de Froissart, isabeau_hotel_st_poll'hôtel Saint-Pol n'est pas une demeure fortifiée, ni même imposante, comme l'était le Louvre ou Vincennes (ci-contre: Chroniques, de Jean Froissart, Entrée d'Isabeau de Bavière à Paris en 1385, Londres, British Library, MS Harley 4379, fol. 3, 2e moitié du XVe s.). L'entrée principale se trouvait rue Saint-Paul et son portail était décoré de lions en pierre. Il existait une seconde entrée, la porte de Seine, permettant d'accéder à l'hôtel du roi, qui comportait une statue en pied du roi Charles V et de la reine Jeanne de Bourbon (miniature ci-contre), comme au Louvre, à la Cité ou à Vincennes.

L'entrée de la rue Saint-Paul ouvrait sur une première cour qui précédait l'hôtel de la reine ; à gauche de cette première cour se trouvait la grande cour, large de près de 80m, qui pouvait servir pour les joutes. Des bâtiments bas longeaient la grande cour et abritaient les membres de la cour de rang inférieur. On entrait certainement dans l'hôtel du roi par la grande cour. Son rez-de-chaussée abritait notamment la grande salle. Un escalier à vis conduisait à la chambre de parade du roi, sa chambre à coucher, sa salle à manger, sa chapelle, son oratoire et à d'autres petites pièces. L'hôtel du roi comprenait une étude  au rez-de-chaussée, et une autre à l'étage. L'hôtel de la reine possédait sa propre grande chapelle. Les appartements du roi et de la reine étaient décorés de scènes peintes (ou de  tapisseries?) figurant les exploits de Charlemagne, les aventures de Thésée, les épisodes du roman du Chevalier au Cygne. L'hôtel du roi et celui de la reine étaient reliés par une longue galerie longeant le côté est de la grande cour. Hormis l'hôtel du roi, celui de la reine et l'hôtel de Saint-Maur où logeait le dauphin Charles, le reste des bâtiments abritaient Louis, fils cadet du roi, les trois princesses, le chambellan du roi Pierre d'Aumont et les autres gens des hôtels du roi et de la reine.

L'hôtel Saint-Pol possédait également une grande tour carrée qui abritait une partie du trésor royal. Des galeries suportées par des colonnes ou des piliers s'ouvraient, du premier étage, sur les jardins, telles les galeries d'un cloître. Certaines étaient peintes. Ainsi la galerie dans l'hôtel de la reine, longue de 48m : "Depuis le lambris jusques dans la voûte étoit représenté sur un fond vert, et dessus une longue terrasse qui régnoit tout autour, une grande forêt pleine d'arbres et d'arbrisseaux, de pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers et autres semblables, chargés de fruits et entremêlés de lis, de flambes, de roses et de toutes sortes d'autres fleurs : des enfants repandus en plusieurs endroits du bois y cueilloient des fleurs et mangeoient des fruits : les autres poussoient leurs branches jusques dans la voute peinte de blanc et d'azur pour figurer le ciel et le jour ; et enfin le tout étoit de beau vert-gai, fait d'orpin et de florée fine" (Henri Sauval, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, Paris, 1724, tome II, p277). Une allée permettant à la reine de se rendre de son hôtel à son oratoire dans l'église Saint-Paul voisine possède également un décor peint : "Là, de côté et d'autre, quantité d'Anges tendoient une courtine des livrées du roi : de la voute, ou pour mieux dire, d'un ciel d'azur qu'on y avoit figuré, descendoit une légion d'Anges, jouant des instrumens, et chantant des Antiennes de Notre-Dame. Le ciel, au reste, aussi bien de l'allée que de la gallerie, étoit d'azur d'Allemagne qui valoit dix livres parisis la livre, et le tout coûta six-vingts écus" (ibid).

L'hôtel Saint-Pol était dotée de nombreuses chapelles (pour l'une d'entre elles, Charles V fit exécuter douze statues d'apôtres), ainsi que de bains et d'étuves aux cuves de bois d'Irlande. Les jardins, ou "préaux", occupaient une surface importante de hôtel. Ils devaient être divisés en carreaux, comme cela apparaît au Louvre, à travers les comptes des salaires versés aux metjardiniers : "Sevestre Vallerin, la peine de bras pour sa peine d'avoir sarclé les sentiers qui vont parmi les préaux, avec les carreaux où sont les roziers, fraiziers, violiers, sauges, exopes, (=hysope), lavende, cocq (=menthe), percin (=persil), sarriette et autres bonnes herbes" (Adophe Berty, Histoire générale de Paris.Topographie historique du vieux Paris, Région du Louvre et des Tuileries, Paris, 1866, tome I, p198). On peut voir ce type de jardin dans une Annonciation (ci-contre) de l'atelier de Van der Weyden, vers 1465-75 (New York, Metropolitan Museum of Art). Un paiment de 1377 mentionne l'achat de "lavendes et autres herbes à planter en nostre jardin de nostre hostel Saint-Pol" (F. Bournon, "L'Hôtel royal de Saint-Pol à Paris", Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, tome VI, 1879, p101, note 3). Charles V fit également planter des cerisiers dans le préau de la Cerisaie. Les jardins sont pour le roi un lieu de "granz esbatements" (charte de juin 1364), de délassement, comme en témoigne Chistine de Pizan : "aucune fois entroit en ses jardins, esquels, se en son hostel de Saint-Pol estoit, aucune fois venoit la royne ver lui ou on lui apportoit ses enfans" (Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, Genève, 1977,  vol. 1, p46). Les jardins de l'hôtel comptait une ménagerie abritant des lions et des sangliers, des volières et un vivier. De ces jardins, la toponymie actuelle porte l'empreinte : la rue de la Cerisaie, le rue des Lions-Saint-Paul, la rue Beautreillis font référence aux jardins de l'hôtel Saint-Pol.

La fin de l'hôtel Saint-Pol. A la mort de Charles VI, la reine Isabeau de Bavière y demeura jusqu'en 1435. En 1423, Henri VI d'Angleterre et son épouse Catherine de France (fille de Charles VI) y séjournèrent. Mais dès le règne de Charles VII, l'hôtel Saint-Pol fut délaissé par le souverain qui résida plutôt à l'hôtel des Tournelles voisin. Il commença alors à être démembré, Charles VII, Louis XI puis François Ier vendant ou donnant à divers personnages des parties de l'hôtel. Finalement en 1543 mit en vente l'hôtel de la Reine, l'hôtel d'Etampes et l'hôtel du Petit-Bourbon qui se trouvait de l'autre côté de la rue du Petit-Musc. Ces terrains furent alors lotis et on traça les trois rues Charles V, Beautreillis, et des Lions-Saint-Paul.

 

Bibliographie

Danielle CHADYCH, Le Marais, évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.

Fernand BOURNON, "L'hôtel royal de Saint-Pol à Paris", Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, 6, 1879, p. 54-179.

Mary WHITELEY, "Deux vues de l'hôtel royal de Saint-Pol", Revue de l'art, 128, 2000-2, p49-53. 

Paris et Charles V, Arts et architecture, Paris, exposition de la mairie du 6e arrondissement, 2001. 

 


22 septembre 2009

LES BEGUINES

b_guines_enceinteLa fondation du couvent. En 1264, saint Louis installa une communauté de béguines dans le Marais : "Et fist em plusuers liex de son roiaume mèsons de beguines, et leur donna rentes pour elles vivre, et commanda l'en que en y receust celes qui vourroient faire contenance à vivre chastement" (Jean de Joinville, Histoire de Saint Louis, Paris, Firmin-Didot, 1859, p232). Leur maison était située entre les actuelles rue Charlemagne au nord, rue du Fauconnier à l'ouest et rue de l'Ave-Maria au sud (voir plan ci-contre). Leur couvent était adossé à l'est à l'enceinte de Philippe-Auguste (représentée par un trait noir épais sur le planImage_1 ci-dessus). Aux siècles suivants, les bâtiments du couvent englobèrent cette partie de la muraille, ce qui explique que cette portion de l'enceinte de Philippe Auguste est aujourd'hui l'une des mieux conservées, visible depuis la rue des Jardins-Saint-Paul (photo ci-contre).

La vie du couvent. La communauté des Béguines accueillait des femmes laïques (parfois avec leurs enfants) qui, sans prononcer de voeux, souhaitaient mener une vie pieuse et dévote. L'absence de clôture et d'habit leur permettait de travailler à l'extérieur du couvent, notamment dans l'artisanat. Le nombre des béguines s'élevait à 400. Elles étaient dirigées par une "maîtresse" nommée par l'aumônier du roi. Le couvent réunissait une église et les maisons des béguines. L'entrée de ces maisons sur la rue était condamnée. Chacune était habitée par deux béguines au moins. Les plus pauvres logeaient dans un bâtiment commun au chevet de l'église, parallèle à l'enceinte. Dans ce bâtiment, le rez-de-chaussée était occupé par une salle de réunion et par le réfectoire tandis que l'étage servait de dortoir. Le couvent abritait une infirmerie et une école pour les enfants filles dont les mères étaient devenues béguines.  

Image_3Le couvent de l'Ave-Maria. Au XVe siècle, le nombre de béguines s'était très largement réduit. En 1461, Louis XI décida de les remplacer par les religieuses du Tiers-Ordre franciscain et la communauté prit le nom de couvent de l'Ave-Maria (visible ci-contre sur le plan de Truschet et Hoyau, dit plan de Bâle, vers 1552 ; le nord est à gauche). En 1482, le couvent fut donné aux religieuses de l'ordre de Sainte-Claire. Il fut supprimé en 1790 et devint un caserne, puis en 1857 un marché. A la fin du XIXe siècle on y construisit une école. L'emplacement est aujourd'hui en grande partie occupé par l'annexe du lycée Charlemagne. 

 

Bibliographie :  

Philippe LORENTZ et Dany SANDRON, Atlas de Paris au Moyen-Age, Paris, Parigramme, 2006.

Danielle CHADYCH, Le Marais, évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005

 

 

 

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Histoire du Marais
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